ANMARY TATTOO
1) Vous avez dit tatouage ?
Le tatouage est un acte choisi, bien loin d’être anodin. Toute modification corporelle permanente telle que le tatouage, considéré comme « habit intime », va contribuer à se distinguer, à s’affirmer et également à la construction de l’image de soi. Partant de ce principe, le tatouage n’est donc pas un simple ornement
Seul l’être humain possède la conscience de son propre corps. La peau est l’ultime enveloppe qui sépare, la psyché, l’être profond du monde extérieur. Sa décoration symbolise l’être entier qui lie le corps et l’esprit. Le corps peut alors devenir le vaisseau de l’âme et le tatouage une forme d’écriture de la pensée.
Dans les temps anciens le tatouage permettait une appartenance à un groupe, un clan, une communauté. L’évolution des sociétés modernes a fondamentalement changée la donne. Dorénavant on ne se tatoue plus pour faire comme l’autre, mais bel et bien pour se différencier de lui. Ce qui confère aujourd’hui une image de liberté au tatouage. En clair, quelque soit son statut social, son âge, son sexe, son style de vie… tout le monde peut se sentir concerné, voire attiré par le tatouage.
Les modifications corporelles produites par le tatouage sont probablement des moyens destinés à amplifier la conscience du corps de l’individu, en le marquant de « stigmates ». Il y a un passage obligé par la douleur que suppose cette transformation qui met de fait en évidence la présence corporelle. Cette douleur participe à l’organisation de l’image du corps qu’elle soit individuelle ou collective. Il semble, même si l’aveu en est parfois difficile, que la douleur soit un des facteurs importants qui autorise l’organisation et la représentation de l’image du corps.
2) Avant le tatouage, des échanges privilégiés
Quelle marque de confiance que de laisser « sa peau » aux mains de quelqu’un ! Suite à une telle constatation, on soulignera quelques expressions populaires qui mettent en évidence l’importance de la peau : « Avoir quelqu’un dans la peau. Lui faire la peau. A fleur de peau. Y laisser sa peau. Avoir la peau dure. Coûter la peau des fesses. Etre bien dans sa peau. C’est une vieille peau. Faire peau neuve. C’est une peau de vache. N’avoir que la peau sur les os. Risquer sa peau. Entrer dans la peau d’un personnage. Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »…
Il est fréquent de voir entrer une personne dans un studio de tatouage, avec pour seule demande, un Tattoo ! Quand on lui pose la question de quel tatouage lui ferait plaisir, la personne répond soit qu’elle a déjà une idée plus ou moins précise : un tribal, un papillon… ou alors bien souvent, qu’elle ne sait pas quel motif choisir et préfère demander conseil au tatoueur. Dans ce dernier cas ce n’est pas un signe particulier que recherche l’individu mais seulement « la marque » du tatouage, l’acte est alors prépondérant.
Dans tous les cas, une des hypothèses qui vient à l’esprit est que le tatouage permettrait « d’aller mieux » !
Une séance de tatouage dure en moyenne une à trois heures en fonction de la réalisation choisie, plus ou moins complexe. Ce temps passé va naturellement créer un lien particulier entre le tatoué et le tatoueur.
Tout d’abord un échange à lieu sur le but recherché par la personne : le motif et la partie du corps choisis, ses goûts, ses attentes… Puis sur le temps nécessaire à la réalisation et le coût (le plus souvent en lien avec la durée et le niveau de complexité du projet).
Puis vient le moment ou le tatoueur informe et conseille la personne sur ses pratiques, son éthique, les règles d’hygiène, les risques sanitaires, la douleur durant l’acte, les soins à apporter après le tatouage et sur l’aspect « définitif » de cet encrage (et ancrage) dans la peau. Sur ce point tout particulier, le tatoueur s’assurera que la personne est véritablement décidée et que son choix est lui aussi « définitif ».
Il est primordial de passer un temps conséquent sur cet échange préalable afin que tous les aspects soient abordés avec bienveillance, en toute transparence. Cela permettra aussi, tant au tatoué qu’au tatoueur, de s’assurer d’un bon feeling.
3) Se faire tatouer, un subtil mélange de pudeur et d’intimité
La pudeur pourrait se définir comme la volonté de soustraire à la vision d’autrui un certain nombre d’actes, de présentation de soi et éventuellement de pensée, en s’isolant de l’espace public, par des moyens variés. La pudeur est souvent associée au respect de la vie privé.
On distinguera 2 sortes de pudeur : la pudeur corporelle qui fait référence essentiellement aux parties du corps à ne pas montrer, à cacher. Et la pudeur verbale qui se trouve être le point de mire du psychologue qui invite son interlocuteur à être impudique verbalement, à se dévoiler le plus possible.
L’intimité, pour sa part, réfère généralement au sentiment d’association personnelle proche avec autrui. L’intimité demande des échanges, de la transparence, de la réciprocité (et incidemment une certaine vulnérabilité).
Dans les relations humaines, la signification et le degré d’intimité varient à la fois entre et à l’intérieur des relations. En anthropologie, l’intimité est considérée comme le résultat d’une séduction réussie permettant le dévoilement de pensées ou de sentiments autrement cachés. Les conversations dites intimes deviennent la base de « confidences » qui lient les individus entre eux.
A l’exception du tatouage, il n’existe aucune autre discipline, dans le champ des loisirs et du bien-être, ou la relation au « corps intime » est aussi prégnante.
La peau est touchée, manipulée, percée, irritée, blessée, paradoxalement pour faire et se faire du bien. Le corps s’exprime, ressent, réagit, il est vivant !
A suivre...
Réalisé le 27 mars 2013
Réalisé le 22 février 2013
Réalisé le 11 février 2013
Réalisé les 16 décembre 2012 et 20 janvier 2013